Je me prélasse en dedans (2022), installation vidéo [sonore]
Vidéo: 19 min 24 sec [boucle]
Structure en bois peinte en gris: 45 1/4 x 80 po
9 ouvertures carrées: 13 po
Durant mon baccalauréat, j’étais charmé en apprenant l’existence des œuvres The Visitors (2012) de Ragnar Kjartanson et Song 1 (2012) de Doug Aitken, spécialement le happening de cette dernière qui était projetée sur les murs du Hirshhorn Museum. Je voulais créer une œuvre sonore poétique qui jouait sur la rencontre de l’espace privé et public.
Pour l’aspect musical, je voulais que ça provienne d’un acteur en toute simplicité sans être strict à imposer de jouer une musique pour ma création. L’intention était que celui-ci s’ouvre et accepte de partager l’intimité de son être qui est attaché à son environnement. Un chez-soi fait partie de notre identité et de notre quotidien; l’atmosphère de ce lieu est comme pour ainsi dire une extension de soi.
Après avoir accepté de me laisser m’immiscer dans sa zone de confort, dans l’optique qu’on partage le même espace et que je suis témoin/voyeur de différents plans se rapportant au quotidien, ma seule demande était d’avoir des captures constituées de sons « musicals ».
Je me prélasse en dedans présente une suite de séquences fixes où le guitariste se pratique, improvise, somnole et fait sa lessive dans une atmosphère sans stress. À mesure que les plans séquences se font remplacer par d’autres, le son attribué à la temporalité de chacune ne s’arrête pas nécessairement et se superposent aux suivantes pour un temps indéterminé.
L’idée du dispositif est que le visiteur se trouvant d’un côté de l’écran qui est immergé de faibles sons s’attachant à la circulation urbaine, dont l’écran qui rappelle la forme d’un immeuble, déambule dans un espace public devant une façade qui sert de logements. Je trouve que le paysage urbain en pleine nuit a un charme lorsqu’on se déplace au pied de nombreux gratte-ciels illuminant les routes de la ville. Ces immenses structures constituées de fenêtres projetent de la lumière d’espaces privés sur nos déplacements et l’on peut entrevoir des lieux narratifs.
L’espace de l’œuvre offre un lieu de déambulation avec le choix de se situer d’un côté ou de l’autre de la façade et avoir ainsi une perspective complète ou fragmentée de l’espace intime du guitariste.
Je remercie cette personne d'avoir accepté de m'accueillir dans son espace privé pour la réalisation de mon projet. Faire un voyage hebdomadaire pour relaxer dans une atmosphère méditative m'était bénéfique durant mon parcours.
P.S. Je voyais ce projet avec beaucoup d’envergure, mais j’ai dû me limiter. Je planifiais de construire une autre façade et de la disposer d’une manière ou d’une autre par rapport à sa jumelle. J’ai réalisé un second montage vidéo pour celle-ci; on aurait été témoin d’autres moments privés du guitariste où on le voit faire sa vaisselle, se brosser les dents et on l’aperçoit prendre sa douche (d’une manière respectable évidemment).